Deuxième séjour : mars 1704 - mai 1705 — Frères de Saint-Gabriel

Deuxième séjour : mars 1704 - mai 1705

Pavillon Grignon de Montfort

Montfort est rappelé à l'hôpital général, mais sa présence contestée l'oblige à le quitter. Il va alors missionner dans le quartier de Montbernage. Ses innovations dérangent et l'évêque lui ordonne de quitter le diocèse.

rappelé à l'hôpital général

En mars 1704, les pauvres de Poitiers font des démarches auprès de l’évêque pour le faire revenir et écrivent au supérieur de Saint-Sulpice.

« Par la mort et la Passion de Jésus.
Monsieur,
Nous, quatre cents pauvres, vous supplions très humblement, par le plus grand amour et la gloire de Dieu, nous faire venir notre vénérable pasteur, celui qui aime tant les pauvres, M. Grignion. »


Montfort revient à Poitiers, comme directeur de l’hôpital général.

Un prêtre de Poitiers rapporte : « Depuis quatre heures du matin jusqu’à dix heures du soir, on ne l’a jamais vu un seul instant dans l’inaction. Ses exercices de piété n’étaient jamais interrompus que par des exercices de charité publique… Monsieur Grignion avait un don tout particulier pour adoucir les pauvres, souvent irrités par les rigueurs d’un hôpital. »

une présence contestée

Cela durera quinze mois. Vers le mois de mai 1705, Montfort quitte définitivement l’hôpital général. Monseigneur de la Poype lui a conseillé de se retirer. Son confesseur le père de la Tour parle dans le même sens. Marie-Louise Trichet confirme : « Vous avez raison, mon Père, vous faites bien de vous éloigner… »

« Ma fille, répondit le serviteur de Dieu, vous restez à l’hôpital. Quand même l’établissement des Filles de la Sagesse ne se ferait que dans dix ans, Dieu serait satisfait et ses desseins sur vous seraient remplis. »

Rencontre de Mathurin Rangeard

dans le quartier de Montbernage

Montfort quitte l’hôpital général. Il va désormais consacrer toute son activité missionnaire auprès des habitants du quartier populaire de Montbernage, de l’autre côté du Clain. En 1705, Montfort aménage en chapelle une grange « la Bergerie ». Il aimait restaurer églises et chapelles délabrées. C’était un lieu où la jeunesse aimait se retrouver pour danser et faire la fête.

Montfort y place un crucifix et quinze étendards représentant les quinze mystères du rosaire. La Croix et le Rosaire, deux constantes de son enseignement. Il y place aussi une statue de la Vierge à laquelle il donne le nom de Notre-Dame Reine des cœurs. Montfort suspend au cou de la Vierge, un cœur doré qu’il appelait « son cœur ».

La grotte de Montbernage

Montfort va y prêcher une mission. À la fin de cette mission, il demande à un jeune homme, Jacques Goudeau de faire réciter le chapelet dans la chapelle le dimanche et les jours de fête et d’y chanter chaque jour à midi des louanges à la Vierge qu’on appela « la petite couronne ». Il remplira cette fonction pendant 40 ans.

 

Il fait aussi ériger une croix à proximité de la Bergerie, pour marquer la fin de la mission.

le missionnaire

Montfort prêche des missions dans différentes paroisses environnantes : Sainte-Radegonde, la Résurrection, Saint-Simplicien, Sainte-Catherine, Saint-Savin (en Poitiers). Le succès est toujours étonnant et le missionnaire est en vénération. Il prêche encore, rapporte Grandet, une mission dans l’église des Pénitentes, et une autre dans celle des Calvairiennes.

Montfort va étendre son action sur le faubourg de Saint-Saturnin qui fait suite à celui de Montbernage.

Au bas du coteau, sur le bord du Clain, se trouvait le Jardin des quatre figures, nommé ainsi à cause des quatre statues qui l’ornaient. Le peuple l’appelait la « Goretterie » : c’était le rendez-vous des libertins de la ville. Plus mal famé que l’ancienne grange de la Bergerie, il représentait, selon Montfort, un danger permanent pour les âmes ! Montfort résolut de purifier ce lieu de débauches.

D’abord, il expie sur lui-même les outrages faits au Seigneur dans ce jardin, en priant et en se donnant la discipline. Il ne craint pas de s’en prendre à ceux dont il juge le comportements irrespectueux ou scandaleux. Un jour il organise une procession pour une réparation publique.Aujourd’hui, l’emplacement du Jardin des quatre figures est occupé par l’hôpital Pasteur. Celui-ci a lui-même pris le relais de ce qui était autrefois « l’hôpital des pauvres incurables », fondé en 1748.

Le pont Joubert   L'hôpital des incurables

montfort indésirable

Montfort , débordant de zèle, dérange par ses innovations permanentes. Le vicaire général de l’époque, M. de Villeroi ne le voit pas d’un bon œil. C’est un fils et petit-fils de maréchaux de France ; il est puissant à Versailles et l’évêque ne peut l’ignorer. Au début de l’année 1706, alors que Montfort commence à prêcher une retraite à des religieuses, il reçoit de Mgr la Poype un pli lui ordonnant de quitter le diocèse sans tarder.

Montfort est à nouveau plongé dans le doute. « Il voyait tant de peine à faire le bien en France et tant d’oppositions de tous côtés…qu’il demeurait incertain s’il devait s’arrêter et s’il ne devait point aller chercher ailleurs (dans les missions lointaines) une moisson plus abondante et plus assurée. »

 Il part à Rome pour rencontrer le Pape…

Le voyage à Rome    Lettre aux habitants de Montbernage